Origami ou le pliage de la Grue


Une drôle d'histoire

 cocote fleur

Tout a commencé le 11 novembre 2009, enfin, ce n'est pas tout à fait exact, cela a commencé il y a quelques années en vérité...


J'étais alors en deuxième année de fac d'histoire de l'art, c'était en 2003 et je révisais assiduement mes cours en vue des partiels du premier semestre avec mon amie Claire. Entre deux éclats de rire, quelques instants de concentration et trois carreaux de chocolat pour tenir le coup, je vis Claire plongée dans une concentration des plus intense : elle était en train de plier une... "cocotte" à partir de nos feuilles de révision !!!
Contre toute attente, cette grue japonaise si rapidement concoctée s'est toujours tenue près de moi et n'a pas périe ou été perdue malgré mes multiples changements de lieux de vie... Sans connaître son histoire je la conservais et la conserve toujours pensant qu'elle immortalise en quelque sorte un moment de bonheur partagé avec mon amie.

Il se trouve que la grue japonaise a fait réellement son intronisation dans ma vie en ce mois de novembre 2009. Drôle de hasard, nous partagions, Claire et moi (oui car Claire et moi sommes à présent colloc, comme quoi les cocottes mènent à tout), quelques instants de rire et de papotage parisien avec deux amies chercheuses de vérités artistiques lorsque nous nous aperçumes que l'une d'elles portait à ses oreilles des "cocottes" minuscules. Rapidement, en trois tours de pensée et de langue Claire en vint à nous conter l'histoire de la cocotte, plus traditionnellement nommée la "grue japonaise".

Elle nous expliqua qu'une amie vietnamienne lui avait transmis sa technique de pliage en lui recommandant de plier 1000 grues. Ainsi son voeu le plus cher se réaliserait. Claire s'exécuta : nous ne dévoilerons pas ici le nombre de grues réalisées par les doigts délicats mais avisés de notre jeune architecte...
Je fus alors fascinée par cette histoire, consciente que ma grue rescapée faisait partie d'une grande famille et qu'elle participait à une réelle tradition vivante...

Le lendemain, je rencontrais mon amie Lydie autour d'un tit café illuminé par les sculptures colorées de Niki de Saint-Phalle, et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je remarquais à ses oreilles deux petites grues japonaises délicatement conservées dans des bouteilles de verre minuscules ! Je lui contais donc l'histoire de la grue puis laissais mon amie pour rejoindre le lieu de mon stage de danse... japonaise !
J'étais relativement abasourdie par ces coïncidences et me demandais ce que me voulaient ces cocottes. A ce moment-là j'ignorais que quelques heures plus tard ma colloc me révèlerait l'art du pliage de la grue...
C'est à dire qu'en sortant de mon cours de danse j'étais entrée dans un magazin japonais qui vendait... je vous le donne dans le 1000 (?!?), des grues japonaises en guise de décoration. S'en était trop, je décidais que moi aussi j'avais au moins un voeu important à réaliser : il était tant de plier ma première cocotte !

Rapidement plier des cocottes ou des grues, devint une passion. Depuis j'utilise tous les papiers, de toutes les couleurs, de toutes les épaisseurs, de toutes les tailles et je plie dès que j'ai du temps, quel que soit le lieu dans lequel je me trouve.
Le pliage de la grue, au-delà d'être passionnant, est devenu magique.

Au début, je pliais innocemment mes grues, sans me préoccuper des regards interrogateurs des passagers vascillant dans le métroplolitain parisien, des passants curieux  mais intrigués ou des gens pressés bloqués dans une file d'attente... Jusqu'au jour où le regard contemplatif d'un enfant ébloui m'illumina :  lui offrir ce petit oiseau porte-bonheur  lui permettrait de rester émerveillé. Depuis cet échange, plier une grue est un instant magique toujours renouvelé et un partage. Une naissance, un regard complice, intrigué, passionné, quelques paroles pour conter l'histoire, la légende, et cet oiseau porte-bonheur qui passe d'une main à l'autre. Cadeau innatendu, simplement déposé dans la paume ouverte d'un humain étrangé mais au fond pas si éloigné.

Je n'offre pas un objet, un pliage ou une oeuvre d'art...
Je partage avec des êtres inconnus, connus, lointains mais au moins proches le temps d'un petit rien, un moment de bonheur, de joie, simplement.
Une belle histoire, celle de croire qu'au d'elà d'un voeu exaucé, un oiseau, offert le temps d'un moment éphémère, portera avec lui un souvenir de joie et apportera le bonheur à celui qui prend le temps de le contempler.

cocote rose

L'histoire traditionnelle du pliage de la grue

Au Japon, le pliage de la grue est une tradition bien vivante.
La grue de papier est considérée comme un véritable porte-bonheur à condition d'avoir respecté le proverbe qui affirme :
"quiconque plie 1000 grues verra son voeu exaucé".


Eh oui, il faut plier1000 grues ! C'est énorme. Et c'est surtout très long à réaliser, mais cela ne décourage pas les japonais bien au contraire. Par exemple, lorsqu'une personne est malade, toute la famille se réunit pour plier 1000 grues en souhaitant que la personne guérisse, c'est un joli moyen de soutenir le convalescent.
Il faut vous dire que cette tradition est très respectée au Japon depuis l'année 1955 et la grue japonaise de papier est alors devenue symbole de paix. En effet, c'est une bien triste histoire qui la rendit célèbre. Une jeune fille victime du rayonnement de la bombe atomique d'Hiroshima se prénommant Sadako avait entendu cette légende. Elle décida de plier 1000 grues afin de guérir mais malheureusement elle perdit la vie après avoir réalisé 644 grues... Ses camarades décidèrent alors de plier les 356 autres oiseaux et composèrent une guirlande de 1000 grues pour son enterrement. Dans le parc de la paix d'Hiroshima, une statue a été élevé en l'honneur de Sadako et des enfants victimes d'Hiroshima, et chaque année le mémorial est orné de milliers de guirlandes de 1000 grues.


cocottes

NB : je numérote et signe toutes mes cocottes, alors si vous retrouvez cette signature sous l'une des ailes de votre grue - offerte au hasard par une inconnue ou découverte dans un lieu innatendu - sans nulle doute nous faisons partie de la même famille...
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