Conjuguer la vie

Publié le par Sabine

 

Lorsque - comme aujourd'hui - j'ai des "milliers" de choses à faire, je commence parce qu'il y a de moins urgent...

Chacun sa méthode ; je préfère nettement être détendue afin d'être plus efficace et surtout de ressentir cette paix intérieure qui m'est si chère.

 

De plus en plus je me retrouve en contradiction avec certaines personnes concernant mon mode de vie. Il est évident que le sentiment d'insécurité auquel je renvoie peut laisser perplexe.

Car mon but n'est pas de vivre dans la sécurité, il n'est pas non plus de vivre dans l'insécurité, mais j'aime tester, les différents possibles pour trouver l'équilibre.

L'équilibre entre mes convictions idéologiques et une "aisance" financière pour vivre, simplement.

 

Je préfère conjuguer ma vie avec l'auxilliaire ËTRE plutôt qu'avec l'auxillaire AVOIR.

Question de point de vue, mais celui-ci fait toute la différence. Une différence nette et fondamentale surtout dans la société dans laquelle nous vivons.

Cette conjugaison est l'essence même de ce que je suis, de ce que je vis, à chaque instant.

 

Mon rôle, mon but et mes convictions s'unissent dans un désir simple : apporter et vivre l'amour, la joie et la beauté.

Ce sont là mes souhaits les plus simples, les plus forts et les plus sincères.

Ces trois préceptes suffisent à harmoniser ma vie, à créer cette alchimie interne qui m'est propre et que j'estime inébranlable.

 

Je ne dis pas être au-delà du doute et de l'erreur, mais je n'ai pas peur du lendemain et je n'ai aucun intérêt à m'assurer une sécurité. Je sais pertinemment que chaque situation offre son panel de résolutions, que chaque contrainte peut être contrebalancée par des ouvertures inespérées, qu'il suffit de s'en remettre à l'infini, à l'éternel, à l'absolu, à l'icommensurable, au parfait, pour que tout s'apaise en soi, si ça ne peut l'être autour de soi.

 

Car AVOIR est l'illusion même de notre existence, tandis qu'ETRE est l'essence de toute chose, il s'agit du fondement.

Si à chaque instant je SUIS, pleinement, je suis satisfaite de mes choix, satisfaite de mes activités, satisfaite de mes pensées, alors l'AVOIR n'a plus aucune importance.

 

Pourquoi aurais-je besoin de "m'évader" en prenant des vacances puisque ici et en moi tout est bien ?

Pourquoi aurais-je intérêt à m'assurer une sécurité financière "au cas où" puisque je sais qu'en cas de difficultés je trouverai des solutions.

Pourquoi voudrais-je  posséder d'avantage puisque je n'aurai pas le temps de profiter de tout ce que j'aurai acquis ?

 

Je préfère nettement offrir mon temps et ma joie de vivre aux personnes qui en ont besoin.

Mon véritable crédo est là, rendre les autres heureux et apporter une certaine ouverture de conscience dans ce monde qui manque trop de coeur et de paix intérieure.

 

 

Je n'ai pas toujours été sur cette voie de l'ÊTRE et lorsque dans le passé j'entendais parler de certaines personnes qui vivaient ainsi, je les regardais avec une certaine admiration mélangée d'angoisse et de jugement.

Me disant qu'ils étaient bizarres, en dehors du réel, que ce qu'ils faisaient ne servaient à rien.

 

Et c'est très juste vivre dans l'amour, la joie et la beauté, par définition ne sert à rien.

C'est comme l'art, il ne sert à rien mais il est indispensable. Car sans les artistes le monde serait triste à en mourir. Quel malheur.

 

Supprimez Shakespeare, Michel-Ange et Léonard et le monde ne tournerait plus rond.

Supprimez les réalisateurs, les metteurs en scène et les chorégraphes inspirés et il n'y aura plus aucun moyen d'épanouir notre univers.

Supprimez les chanteurs, les peintres et les écrivains, et il en est finit de la pensée infinie et éternelle.

 

Je pense que ces génis ont tous fait le choix à un moment donné de vivre à contre-courant et de se laisser porter par leurs idéaux et leur harmonie intérieure.

Ils ont tous admis que ce qui importait c'était l'ici et maintenant, que faire le Beau, vivre la joie, ne peut pas attendre d'avoir un compte en banque bien rempli et une situation stable. Car si on attend cette situation, on peut passer à côté de sa vie.

 

J'ai compris cela lorsque j'ai dû être hospitalisée d'urgence pour un problème pulmonaire. A l'époque, j'étais matérialiste, dans un sens. Non pas dans le sens communément admis, car je ne possédais pas grand chose et ne travaillait pas pour être riche, mais dans le sens où j'avais besoin de repères matériels.

Les miens concernaient le domaine de la théorie de l'art.

Je ne pouvais concevoir de vivre sans posséder le dernier ouvrage édité même si je n'avais pas le temps de le lire.

Je ne pouvais m'arrêter de travailler même si ma santé psychique et physique était critique.

Je pensais qu'il fallait toujours faire plus, pour être meilleure, être brillante et réussir une insertion professionnelle reconnue.

Je confondais sans nulle doute être et avoir.

 

Mais le jour où j'ai eu ce sentiment que j'allais mourir, là, maintenant, tout de suite et que j'en suis revenue malgré de terribles souffrances morales et corporelles ; eh bien ce jour-là j'ai compris que je passais à côté de ma vie.

Et depuis ce jour, je me suis fixée pour objectif quotidien de réaliser à chaque instant tout ce que je désire.

Cela m'a pris des années après le déclic, car il faut du temps, beaucoup de temps entre le moment de la compréhension intellectuelle et le moment de la compréhension intégrée.

 

A présent, je vis, je respire, j'écris, je contemple la beauté de la nature et de la création, je savoure chaque instant partagé et je sais intimement au fond de mon être que je pourrai mourir demain serainement.

 

Je conjugue l'auxilliaire être au présent : je suis.

Je conjugue l'auxilliaire avoir dans le partage. Car je n'estime plus me complaire dans la possession mais bien plus dans l'échange. Ce qui m'importe c'est la circulation, que ce soit de biens matériels, d'idées, de compréhensions ou de prises de conscience nouvelles.

Vous désirez un ouvrage de ma bibliothèque, je vous l'offre avec plaisir. L'idée même que le contenu de cette merveille pourra vous apporter suffit à m'enrichir.

 

J'ai appris à me séparer, à vivre avec ou sans, à vivre avec et puis sans. Et je sais au fond de moi que je pourrai vivre en harmonie même en l'absence de...

Car tout cela n'est qu'illusion.

 

 

Tout ceci pour dire que je ne changerai pour rien au monde mon mode de vie tant la richesse de mon univers intérieur me comble et m'épanouit.

 

 

 

 

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